Lecture : Dans les forêts de Sibérie (Tesson)
Résumé :
« Assez tôt, j’ai compris que je n’allais pas pouvoir faire grand-chose pour changer le monde. Je me suis alors promis de m’installer quelque temps, seul, dans une cabane. Dans les forêts de Sibérie. J’ai acquis une isba de bois, loin de tout, sur les bords du lac Baïkal. Là, pendant six mois, à cinq jours de marche du premier village, perdu dans une nature démesurée, j’ai tâché de vivre dans la lenteur et la simplicité. Je crois y être parvenu. Deux chiens, un poêle à bois, une fenêtre ouverte sur un lac suffisent à l’existence. Et si la liberté consistait à posséder le temps ? Et si la richesse revenait à disposer de solitude, d’espace et de silence – toutes choses dont manqueront les générations futures ? Tant qu’il y aura des cabanes au fond des bois, rien ne sera tout à fait perdu. »
Mon avis :
L’expérience de la solitude, volontairement choisie, est la première thématique de ce livre. En s’isolant dans une cabane pendant six mois, l’auteur entreprend une quête personnelle loin de la société moderne, à la recherche d’une simplicité et d’une paix intérieure souvent oubliées dans nos quotidiens.
La solitude devient un espace de réflexion et de ressourcement. Tesson explore comment se retrouver face à soi-même sans les distractions habituelles. Il accède à une introspection profonde et sincère.
Les jours se succèdent dans une routine où chaque geste prend une signification nouvelle, du fendage du bois à la marche sur la glace. Cette expérience de l’isolement pousse l’auteur à une redécouverte de ses propres limites et de ses aspirations les plus authentiques. La solitude, loin d’être pesante, devient un miroir dans lequel Tesson apprend à se connaître véritablement, à affronter ses peurs et à savourer les petites joies quotidiennes que la nature brute et majestueuse de la Sibérie lui offre.
Par-delà la solitude, la lecture occupe une place centrale dans le récit de Tesson, non seulement comme un passe-temps, mais comme un outil de compréhension et d’interaction avec le monde. En Sibérie, l’auteur a emporté avec lui une bibliothèque choisie avec soin, composée d’œuvres philosophiques, littéraires et poétiques. Ces livres deviennent ses compagnons de solitude, lui offrant une connexion avec l’humanité malgré l’isolement. Tesson illustre comment la lecture peut servir de pont entre l’expérience individuelle et les réflexions universelles. Il met en perspective sa propre expérience avec des concepts et des visions du monde diversifiées. Chaque ouvrage devient une fenêtre ouverte sur des univers parallèles, des époques différentes, des vies multiples. Ce dialogue entre la vie réelle et la vie littéraire enrichit sa compréhension du monde, lui permettant de transcender les limites de son isolement physique.
En tant qu’auteur j’ai apprécié le style de Tesson, à la fois chargé en phrases choc jetées à la face du lecteur et en profondeur de réflexion sur le monde qui nous entoure.