Lecture : Les robots rêvent-ils de moutons électriques ? (Dick)
Résumé :
Le mouton n’était pas mal, avec sa laine et ses bêlements plus vrais que nature – les voisins n’y ont vu que du feu. Mais il arrive en fin de carrière : ses circuits fatigués ne maintiendront plus longtemps l’illusion de la vie. Il va falloir le remplacer. Pas par un autre simulacre, non, par un véritable animal. Deckard en rêve, seulement ce n’est pas avec les maigres primes que lui rapporte la chasse aux androïdes qu’il parviendra à mettre assez de côté. Holden, c’est lui qui récupère toujours les boulots les plus lucratifs – normal, c’est le meilleur. Mais ce coup-ci, ça n’a pas suffi. Face aux Nexus-6 de dernière génération, même Holden s’est fait avoir. Alors, quand on propose à Deckard de reprendre la mission, il serre les dents et signe. De toute façon, qu’a-t-il à perdre ?
Mon avis :
Rappelons que le livre a été écrit en 1966, et qu’il a donné naissance au film Blade Runner. Ce qui fait de lui une pièce majeure d’anticipation.
Philip K. Dick interroge le lecteur sur les sentiments et leurs origines. Les robots peuvent-ils ressentir des émotions et partager des sentiments ? L’auteur interroge le lecteur sur la complexité de vivre avec des êtres synthétiques privés d’empathie, qui n’éprouvent que des émotions artificielles. Ces êtres électriques éprouvent pourtant des désirs, des peurs, et ont une véritable quête de sens. C’est justement ce qui produit la subtilité du roman : la frontière entre l’inné et le simulé et brouillée.
Parallèlement, l’incapacité de l’humanité à distinguer le vivant de l’artificiel illustre une crise d’identité collective, qui révèle une humanité en quête d’authenticité et aveuglée par ses préjugés. Par ce biais, l’auteur nous interroge sur la définition même de l’humain face à la montée de l’artifice.
En tant qu’auteur, j’ai été touché par l’ambiance du roman. Nous évoluons dans un monde détruit et vide. Cela évoque pour moi le travers des réseaux sociaux (la fameuse boîte à emptahie du roman) où, vu de ce prisme numérique, tout ce qui est réel devient terne et gris.